
L’auteur du livre ici plébiscité se nomme Simon Urbain Nzuka Mapendo, mais le commun de ses compatriotes l’appelle affectueusement Big Master Nzuka, ou carrément Big Nzuka, selon le cas. Cette grande notoriété publique est surtout connue comme un généreux mécène de la Rumba congolaise moult fois dédicataire des chansons de grandes stars musicales de son pays, comme Papa Wemba le Kuru Yaka, qui l’avait d’ailleurs surnommé « Le garçon terrible de Kin » ou Fally Ipupa El mara, voire le grand-père Bozi Boziana, pourquoi pas Petit Fally, qui s’en mêle aussi, et tutti quanti.
Cependant, seuls les initiés savent qu’en sus d’être ce grand opérateur culturel encensé par les bardes congolais, Big master Nzuka est un douanier retraité, qui avait su gravir tous les échelons hiérarchiques de la Direction Générale des Douanes et Accises, jusqu’à terminer sa riche carrière comme Directeur Général adjoint chargé de questions techniques, avec préséance pour l’intérim du Directeur Général, en cas d’absence ou d’empêchement.
En sa qualité de « fils maison » de l’institution douanière congolaise, Big Master Nzuka a laissé à ses contemporains et à la postérité un ouvrage préfacé par le professeur Samba Mukoko, absolument révélateur de son expertise avérée sur les rouages douaniers, titré tout simplement « La Réforme des Douanes et accises, l’autre discours ». Lorsqu’on lit cette belle dissertation, écrite en anglais et en français, par ce douanier gros gabarit, au sens propre comme à celui figuré, dans la perspective d’instiguer une réforme positive dans les habitudes et habitus du processus douanier en RD Congo, on sent illico presto que sa thèse ne s’appuie pas sur les conjectures, mais plutôt sur une abondante praxis ayant exigé la nécessité d’adapter le modus operandi douanier de son pays à la conjoncture mondiale actuelle.
En effet, l’auteur de cette pertinente réflexion y a étayé ses convictions, voire ses certitudes, avec une sagacité pleine d’autorité, une autorité qui a amené beaucoup de discours politiques en rapport avec l’affirmation de ce qui doit être fait en matière ici problématisée de faire fréquemment recours à ses orientations, même si dans la plupart de cas, ce fait n’est souvent pas reconnu à haute voix.
Une carrière en chapeaux de roues
Lorsqu’on lit le synopsis de son livre à la quatrième page de couverture, on note que la carrière professionnelle tous azimuts de Big Master Nzuka dans l’institution douanière congolaise est un récit merveilleux. En effet, après son engagement à la DGDA comme assistant du PDG en 1992, ce dernier a sillonné presque toutes les directions de son entreprise, notamment celles du contentieux, des études, des recettes, des systèmes et technologie de l’information, de la réforme et modernisation, avant d’occuper le prestigieux fauteuil de Directeur Général adjoint en charge des questions techniques, préséant pour faire l’intérim du numéro un de son entreprise, en cas d’absence ou d’empêchement.
Ainsi a-t-il accumulé des connaissances pantagruéliques dans son domaine de prédilection, lesquelles connaissances avaient été adoubées par diverses formations idoines lui ayant donné une expertise qui justifie son qualificatif de « Fils maison ». On peut citer à titre indicatif sa formation à l’Institut de l’Organisation Mondiale du Commerces en Suisse en 2001, formation relative à l’analyse des politiques commerciales; celle d’immersion auprès du Département d’État américain en 2002, en rapport avec le désengagement de l’État et la privatisation; celle concernant une spécialité portant sur l’évaluation et la mobilisation des recettes fiscales et douanières en 2003 à l’ENA-Paris; une formation concernant l’Académie du Savoir de la douane en 2012; celle qui se reporte à la réforme de l’administration fiscale et du système douanier auprès de la « Korean Development and Strategy institute » en 2013; celle axée sur les résultats et les indicateurs de performance à Boston, USA, en 2013, suivie de celle concernant la lutte et le contrôle fiscaux faite à la Rochelle en France en 2014.
En fait cette panoplie de façonnement sanctionnée par des certificats et diplômes est venue enrichir un solide parcours de licence en sciences économiques à l’Université de Kinshasa, sans occulter celui parfait de ses humanités commerciales et administratives au prestigieux Institut Saint-Raphaël de Limete. C’est pourquoi, les personnes avisées n’avaient pas été surpris d’apprendre l’élection de cette bête à concours comme Vice-président du groupe de travail sur la mesure de la performance des douanes par ses pairs managers des offices douaniers de toute la planète.
Quid sur sa vision de la réforme fiscale en RDC ?
Dès l’entame de la lecture de l’ouvrage de ce « fils maison de la DGDA », une exaltation indicible s’empare du liseur, laquelle exaltation finit par se muer en une indéniable catharsis. Le verdict est alors sans appel : cette perle rare de l’organisation douanière en sait vraiment long sur l’univers douanier congolais. Selon cet auteur, le terme réforme fiscale revient fréquemment dans les discours des dirigeants congolais. Cependant, les orientations y données ne cadrent souvent pas avec les objectifs fixés par les gouvernements, notamment celui de ramener les plus de recettes possible au Trésor Public. Pour bien d’opérateurs politiques congolais, renforcer ou reformer le fisc signifie changer tout simplement les noms des régies financières, ou alors mimer ce qui se fait ailleurs, en prenant des options comme celles de regroupement de toutes les régies financières en une seule, à l’image de « Revenue Authority » des pays anglophones, atteste-t-il.
D’après cet argumentateur aguerri, pareilles démarches apparaissent de nos jours comme absolument obsolètes, pour ne pas dire sujettes à caution, puisque n’impulsant pas la mobilisation des recettes, ni ne simplifiant l’impôt, surtout qu’elles ne modernisent aucunement sa collecte, ou encore moins, ne la rationalisent. Ainsi, pour permettre à la douane de faire peau neuve, en se distanciant des données empiriques, il faudrait considérablement réduire les interventions de l’État congolais, qui s’accapare de 60 % du potentiel fiscal, affirme Simon Urbain Nzuka. Ce penseur suggère alors de conditionner l’octroi de différentes exonérations à des discussions préalables avec les ministères sectoriels concernés, au moins une année avant, afin de les inscrire dans la loi des finances, conditions sine qua none pour leurs obtentions.
Avec l’imposition de nouveaux produits d’accises, l’État congolais va générer beaucoup plus de recettes douanières, et l’effet induit va assurément s’étendre sur la TVA, voire sur les amendes, ou autres pénalités, atteste cet auteur. De ce fait, l’Office douanier aura la possibilité d’avoir un bonus de recettes au travers des impositions sur des niches des accises, les recettes propres des douanes à l’importation étant appelées à être réduites à zéro, du fait de la transition fiscale et des effets de la mise en œuvre des accords régionaux. La taxation des entreprises de la distribution internationale télévisuelle (Canal+, DSTV, Startimes, et cetera, se trouve être une nouvelle opportunité qui conforte les prérogatives des accises, laquelle opportunité devrait ramener des recettes substantielles à l’État congolais, tranche-t-il avec solennité.
En guise de péroraison
La réflexion de ce douanier impénitent surnommé Big Master Nzuka, ou Big Nzuka, pour ses camarades de l’ARAPH, l’ Association qui regroupe à son sein les Anciens Elèves de Saint-Raphaël, mêmement pour ses amis du club « Le Marinel », un espace éthéré de loisirs, d’agrément et de détente, où l’on peut picoler dans une quiétude bienfaisante autour d’un verre de limonade ou de vin, pourquoi pas de bière, en mangeant un en-cas ou un repas consistant, situé à quelques encablures de la Sofide, dans la commune de la Gombe, semble pertinemment bien élaborée et profitable à l’État congolais, surtout que la Direction Générale des Douanes et Accises est la grande pourvoyeuse de fond au Trésor public du pays de Fatshi Beton.
A l’instar du professeur Samba Mukoko, qu’il a si bien écrit dans ses prolégomènes, il sied de relever ici, toutes choses égales par ailleurs, le fait que cette économiste et financier, qui a un vrai penchant pour les mathématiques, la recherche opérationnelle et l’informatique, a su faire appel à une approche philosophique, pour résoudre cette équation à plusieurs inconnus qu’est la réforme douanière congolaise.

Tout en applaudissant des deux mains, et débout, la sapience de l’auteur, qui a abattu à tour des bras un travail de Titan pour aboutir à une conclusion convaincante, il nous revient de conseiller aux penseurs, politiciens, décideurs, chercheurs, aux opérateurs douaniers, sociaux et économiques, auc enquêteurs, aux agences et partenaires de la DGDA, les commissionnaires et courtiers en douane, les étudiants et enseignants ayant la matière douanière dans leurs programmes, bref les intellectuels de tout bord, la lecture de cet ouvrage technique mais qui se lit comme un roman, tout simplement titré » La réforme des douanes et accises, l’autre discours », dont le concepteur n’est autre que M. Simon Urbain Nzuka Mapengo, autrement dit Big Master, ou Big Nzuka, selon le cas.
Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/ Directeur de rédaction.