Guy TSHIBASSU est une figure de proue de la diaspora congolaise établie en Belgique, comme un peu son compatriote surnommé Fatshi-Béton, l’actuel président de la RD Congo. Ceux qui en savent toujours plus que les autres affirment mordicus qu’il y a beaucoup de chance que les routes de ces deux originaires du pays d’Étienne Tshisekeki Wa Mulumba d’heureuse mémoire se soient déjà croisées quelque part au Royaume de Philippe de Belgique.
Comme dans toute démonstration par l’absurde, ces derniers basent leurs affirmations sur le seul fait que depuis l’avènement du Parti qui siège à la 12eme rue Limete au pouvoir en RDC, l’inventeur de Cimpè Organic a pris un pied-à-terre à Kinshasa.
Mais ce qui est sûr, il est bel et bien l’époux d’une personnalité culturelle d’origine congolaise de grande envergure à Bruxelles : L’écriturienne Élodie Ngalaka la Belgicaine, poétesse, nouvelliste et kassaliste de son état, une des amazones du collectif littéraire Bookutani.

Si notre cher Guy concourt efficacement à la bonne marche de cette structure littéraire de la diaspora congolaise qui ambitionne de booster la littérature jeune congolaise, avec notamment l’organisation chaque deux ans du prix littéraire Emilie-Flore Faignon, ce compatriote de « Fatshi-Béton » a fait depuis son jeune âge de la fabrication des vins et spiritueux son violon d’Ingres. Et cette lubie d’hier est en passe de devenir son gagne-pain d’aujourd’hui.
D’où ce « belgicain », euphémisme pour dire dire « Congolais ayant habité ou habitant le royaume de Belgique », a tiré cet amour pour la fabrication des boissons alcoolisées sur base de recettes traditionnelles congolaises, un métier souvent laissé entre les mains des marginaux et des anachroniques, voire des anarchistes, pourquoi pas des iconoclastes, ici au pays, alors que la communauté indienne installée en RDC en fait son pactole ?
Laissons alors le concerné nous conter lui-même, son expérience, un peu surréaliste, à ce propos !
» A l’approche de mes 20 ans, lors d’une fête familiale à Kinshasa, j’ai fait la découverte de la célèbre liqueur dite
« Pousse-café », inventée par Kabasele Muamba. J’ai immédiatement eu un coup de foudre pour ce breuvage dont le musc variait entre le goût du Café et celui du Cacao. Ma séduction était d’abord consécutive à sa saveur et ensuite, au fait que cet élixir était produit par un Congolais. J’apprendrais par la suite que cette hardiesse avait valu à ce créateur de génie beaucoup de récompenses et prix dans le domaine de la « fruithérapie ». A sa suite, j’étais entré à fond dans l’étude du processus de macération des fruits et des herbes, en vue de me lancer dans la fabrication de mes propres liqueurs », avait expliqué notre intervenant.
Au fil du temps, ce dernier avait développé un intérêt pour ce projet et a commencé à élaborer, en dilletante, ses propres recettes. Pendant ce moment exploratoire, il s’était mis à analyser et à mélanger divers produits, pour progressivement se focaliser sur la fabrication des liqueurs à base de fruits et d’herbes, en utilisant le gingembre comme ingrédient de base, en raison de ses nombreuses vertus et multiples bénéfices pour la santé globale.
Au fur et à mesure qu’il avançait, GUY TSHIBASSU a perfectionné ses méthodes, au point que dans cette quête du beau, du vrai et du bon, chaque dégustation lui donnait l’assurance d’avoir été à l’origine de la création d’un savoureux nectar, authentique et unique, fruit d’un dur labeur, d’un travail acharné mais bien fait, que seule la passion et le savoir-faire pouvaient engendrer.
En évoluant ainsi, l’objectif principal du nouveau « Kabasele Mwamba » avait été celui de permettre aux consommateurs de ses produits de se délecter avec une boisson artisanale d’obédience traditionnelle congolaise respectueuse de la santé publique. Ce n’était qu’à la suite de sa retraite, encouragé par ses enfants et par quelques amis, pourquoi pas par sa subliminale épouse (NDLR), qu’il avait finalement consenti à élargir sa vision, en lançant la gamme CÎMPÈ Organic, appellation bien contrôlée, qui dès son lancement a enthousiasmé les amateurs du bon goût.
À sa grande surprise, ses premiers clients sont devenus les meilleurs ambassadeurs de la promotion à une très grande échelle de ses délicieux breuvages. Sûr de ses multiples atouts, le créateur de Cimpè Organic tient à conserver sa vision de vie, celle d’axer son savoir-faire artisanal sur l’excellence, pour la grande satisfaction de cette nouvelle communauté des consommateurs de ses produits.
A ses yeux, chaque production est une transmission de la tradition congolaise aux buveurs, ainsi qu’une célébration de l’artisanat de ce pays aux multiples richesses connues et inconnues.
» En échangeant avec mes clients, il m’arrive
fréquemment de ressentir le partage des valeurs communes et je profite de cette opportunité pour leur témoigner ma vive reconnaissance. Puisse chaque gorgée éveiller leurs papilles, pour qu’ils continuent à consommer les liqueurs CÎMPÈ, pour leur plaisir et pour le goût de ce breuvage authentiquement congolais, bien sûr,
toujours avec modération, avait conclu notre inventeur.
Sans trop le dire à haute voix, le souhait de celui-ci serait de faire en sorte qu’outre ses propres produits, toutes les boissons alcoolisées traditionnelles congolaises ayant
déjà pignon sur rue, à l’instar de Tshitshampa Malavu ya kapia au Kasaï (alcool traditionnel), Agene ou 500 (alcool traditionnel très fort) en Equateur, Lungwila (vin de canne à sucre) au Kongo Central, Ndua alias Kendole (vin de canne à sucre) au Maindombe, le Kasikiti ou Cassix ( alcool à base de banane) au Kivu, le Samba ou le malafu ya Samba (vin de palme) au Kwilu-Kwango et au Kongo Central, puissent trouver audience auprès des consommateurs internationaux, en s’adaptant aux normes adéquates de fabrication, sans dénaturer leur côté traditionnel.
Pour ce, il lui faut des moyens que seul l’état congolais peut mettre à disposition, en vue d’imposer la longue tradition congolaise de fabrication artisanale des boissons à l’échelle internationale. Est-ce un vœu pieux, dans ce pays qui ne fait pas très grand cas de ses génies ? Guy TSHIBASSU sait, à l’instar d’Elon Musk, l’inventeur américain d’origine sud-africaine, que les entreprises les plus mirifiques ont commencé par des rêves, si pieux soient-ils. Qu’il en soit alors ainsi !
Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de Rédaction.