L’UCAB/Grand Bandundu tape du poing sur la table : Les armateurs des baleinières en bois subissent trop de pressions !

Économie
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Déjà au début de la décennie 90 du siècle passé, une Ong occidentale avait affirmé qu’il n’y avait que les embarcations légères comme les baleinières qui pouvaient assurer un ravitaillement rapide de Kinshasa en produits vivriers sains et variés. Pour ce faire, il fallait coûte que coûte améliorer leur puissance de navigation, leur efficacité, leur confort et leur solidité, en commençant par changer le concept de leurs fabrications.

A partir des plans échaffaudés par cette structure et réalisés par la Forescom, actuellement Sodefor, on a vu le surgissement des baleinières plus éthérées et plus résistantes, avec étage et barre au niveau de la passerelle de commandement. Celles-ci, par leur solidité, leur rapidité et leur élégance, ont pu supplanter les lourds « Motor boat » avec des convois qui prenaient souvent des mois pour avoir une charge qui leur permettrait d’atteindre le seuil de rentabilité, au risque d’amener aux lieux de consommation des denrées alimentaires avariées.

Le président Roxy Mankoto, entouré de son staff lors d’un entretien avec Media Actualité.

Mais depuis un certain moment, les naufrages récurrents de ces embarcations en bois ont donné le prétexte voulu à l’autorité de tutelle, en l’occurrence le ministère de transport et voies de communications, à prendre des mesures draconiennes, ayant tendance à étouffer les armateurs des baleinières dans l’exercice de leur travail.

Après le ras-le-bol de la Direction Générale de l’Union Congolaise des Armateurs des Baleinières, UCAB en sigle, qui avait à l’époque envoyé un moratoire pour s’insurger contre une mesure salvatrice, mais jugée trop hâtive, prise sans concertation avec la corporation des armateurs, celle qui oblige les membres d’équipage et les passagers à bord des embarcations en bois de se munir obligatoirement d’un gilet de sauvetage, faute de quoi ils s’exposaient à de sévères sanctions, c’est maintenant le tour de l’UCAB/Grand Bandundu (rassemblant les provinces du Kwilu, du Kwango et du Maindombe) de monter au créneau pour morigéner certaines décisions, voire des attitudes, qui ne tiennent pas compte de la réalité pratique de leur dur métier, ainsi que des difficultés rencontrées dans l’exercice de celui-ci.

Dans une baleinière venant de Mushie voguant vers Bandundu-Ville, on remarque que seul le Directeur de Rédaction de Média Actualité portait un gilet de sauvetage, comme l’a institué le VPM Jean-Pierre Bemba, le ministre chargé de transport, voies fluviales et lacustres, et désenclavement. Comme l’a dit un armateur à ses agents : Où les paysans trouveront de l’argent pour acheter ce « gadget » à 20 ou 25 $ ? L’UCAB demande au gouvernement de lui fournir lesdits gilets pour le revendre à un prix raisonnable à ses affidés.

En effet, au lieu de faciliter la tâche à ces patriotes qui font la jonction entre l’arrière-pays et la capitale Kinshasa, ou autres chefs-lieux des provinces ou des territoires bordant les abondants cours d’eau de la RDC, en vue de leurs ravitaillements en divers produits de consommation, sans lesquels de graves menaces de pénurie alimentaire risqueraient de bousculer profondément le panier de la ménagère de ces grandes agglomérations, avec toutes ces gravissimes conséquences qui pourraient en découler.

Lors d’un entretien à bâtons rompus avec M. Roxy Mankoto, le président de l’UCAB/Section Grand Bandundu, ainsi que M. Edo Mputu, le secrétaire général de cette structure régionale, à l’espace Bon Vent au Port Bac de Bandundu-Ville, il nous a été dit qu’une correspondance devant éclairer l’autorité publique sur les motifs de la déstabilisation de la navigation fluviale à l’origine de la problématique décriée, était en instance d’être adressée à l’autorité nationale de tutelle. Rien que l’intitulé de ce document revendicateur, – L’amélioration des conditions de travail des armateurs des embarcations en bois de la Section Grand Bandundu – semble être dès l’entame révélateur de son contenu vindicatif.

Déjà au niveau de l’exposé des motifs, ce document fustige avec véhémence la multiplicité des taxes et redevances dues à une multitude de services et bureaux qu’on trouve à chaque port et à chaque poste de contrôle. Dans ce texte, les armateurs du Grand Bandundu passent tour à tour au peigne fin toutes les torts perpétrées par lesdits services ou bureaux pour la vérification des documents de bord et le contrôle des embarcations, l’absence de sensibilisation préalable sur les formalités à remplir pour une navigation sereine, et tant d’autres écueils qui obstruent le bon accomplissement de leur métier, celui de mettre en place les moyens humains, logistiques, matériels et financiers pour transporter les marchandises et divers produits agro-pastoraux de première nécessité, ainsi que les personnes, de leurs milieux de production vers ceux de consommation, et vice-versa.

N’eut été les efforts et moult sacrifices que ces derniers consentent pour organiser un convoi, une très grande métropole comme Kinshasa risquerait de tomber d’une manière permanente en rupture de stock pour les produits alimentaires de base comme le manioc, le maïs, le niebé, l’arachide, la banane plantain, le riz, l’huile de palme, le charbon de bois, le piment, le fruit, les poissons salés, fumés et frais, les gibiers, les boucs et chèvres, les boeufs, les bois, etc. Ce qui obligerait l’état congolais à dépenser le peu de devises en sa possession pour faire face à ce désastre, affirment-ils sans ambages. Si on tient évidemment compte de certains coins reculés de la RDC, qui n’ont d’accès que par voie d’eau, et qui ne peuvent être desservis que par des embarcations légères, on peut sans crainte d’être contredit alléguer que les armateurs des balénières jouent un rôle prépondérant dans l’évacuation de leurs productions vivrières et dans leurs ravitaillements en produits manufacturiers, ainsi que dans leurs désenclavements.

Au finish, ceux du grand Bandundu en particulier, et de la RDC en général, estiment que tous les tracas ci-dessus énumérés entament profondément leur rentabilité et sont à la base des frustrations qui poussent parfois certains d’entre eux à avoir des attitudes regrettables, notamment les navigations primesautières nocturnes pour fuir les postes à grande dose de pinaillage, des sur-chargements de leurs embarcations pour atteindre le seuil de rentabilité, ou l’utilisation des moteurs avec une puissance inférieure à la charge embarquée. Ces comportements néfastes débouchent parfois sur des cas malheureux de naufrage qui endeuillent quelquefois des contrées entières. Il sied de souligner ici que ces situations sont dans certains cas le fait d’un cataclysme naturel, comme cela arrive partout au monde, ou d’un déficit de balisage, comme c’est souvent le cas en RDC, attestent les armateurs du Grand-Bandundu.

Au lieu de voir le problème dans toutes ses coutures, afin d’en dégager les résolutions idoines, aussitôt qu’une catastrophe surgit,
les tenants de l’Imperium brandissent vite les mesures coercitives, afin de gruger une corporation qui constitue pourtant la clé de voûte de l’économie congolaise, une corporation qui crée des emplois directs et indirects, à Kinshasa, comme à l’intérieur du pays, regrettent les armateurs du Grand Bandundu.

D’après eux, lesdites mesures viennent tirer vers le bas l’ardeur de tous ces gens qui font la jonction entre le Congo profond et les grandes agglomérations, ces braves battants que l’état congolais devrait en principe soutenir par des subventions et autres mesures d’encouragement, de nature à compenser et à récompenser leurs engagements socioéconomiques et patriotiques à haut risque, sans lequel il y aurait rupture entre le Congo d’en bas et le sommet.

Plutôt que de sévir à tout bout de champ ses sociétaires, la Section UCAB/Grand Bandundu demande aux autorités publiques en général, à celles de tutelle en particulier, d’aider les armateurs de la manière ci-après :

  • Organiser, via l’UCAB, des sessions de formation pouvant permettre à ceux qui s’adonnent à ce métier d’appréhender le plus efficacement possible l’abc de la navigation fluviale et lacustre;
  • rendre le plus possible le processus de formalités administratives souple et adapté aux circonstances, de manière à mettre hors d’état de nuire des intermédiaires inutilement volages et voraces;
  • subventionner, via l’UCAB, les armateurs en équipements matériels et en embarcations qui allient confort, solidité et efficacité;
  • Mettre à leur disposition plus ou moins 15000 gilets de sauvetage à un prix raisonnable, pour leur permettre d’adhérer d’une manière agréable à l’exigence de l’autorité de tutelle quant à ce.

La Section UCAB/Grand Bandundu, autant d’ailleurs la Direction Générale de cette association à Kinshasa, a tenu à signaler aux autorités publiques que le bureau de contrôle installé à Maluku à Kinshasa par le ministère de tutelle pour surveiller l’application de la mesure relative au port obligatoire du gilet de sauvetage apparaît un peu comme une nouvelle tracasserie aux yeux des passagers et des armateurs provenant de l’arrière-pays, tellement ils peinent à se procurer ce gadget qui coûte de 20 à 25 $.

« Quand nos passagers peinent à payer 5 $ pour un trajet Kinshasa-Mushie (plus ou moins 300 Km), voire Kinshasa-Nioki (420 Km), où trouveront-ils de l’argent pour acheter cette affaire à 20 $ ou plus ? Il en est de même du bouclage opéré au niveau de Mambutuka par des éléments armés, qui devient un casse-tête chinois pour ceux qui font du transport fluvial entre l’arrière-pays et Kinshasa leur gagne-pain, avait fulminé un armateur en butte à la rigueur des agents du ministère de transport et voies fluviales et lacustres, et désenclavement, commis à cette tâche ».

  • Revoir à la baisse les taxes et redevances provinciales sur les produits agricoles, pastoraux et forestiers, qui mettent souvent en difficulté les armateurs au niveau des postes de perception, tellement l’épaisseur des montants à payer gêne considérablement le budget des armateurs, et les poussent souvent à recourir aux prêts usuriers.

La sous-section de l’UCAB/Mushie a, elle, renseigné sur les montants à payer par les amateurs pour avoir ledit droit de passage : 3900 FC par Sac de Makala, 2500 FC par sac de Maïs, 2000 FC pour le Ndombolo, ( petit format Kimpuka), 1000 FC pour le sac de fufu petit format, et 2000, pour le grand format, 2000 FC pour le sac de noix de coco, 20.000 FC pour le panier de poissons fumés ou salés, ou équivalent, 15.000 FC pour la valise, 500 FC pour botte de banane plantain, 30.000 FC pour le fût d’huile de palme, etc.
 » Imaginez donc combien doit payer un convoi de 800 ou 1000 sacs de charbon de bois ? Une bagatelle de plus ou moins 5.000.000 FC pour la seule DGRM (Direction Générale des Recettes du Maindombe), s’était offusqué un armateur qui a été bloqué pendant trois jours à Mushie, faute de pouvoir payer son droit de passage, au grand dam de ses passagers.

Ce qui est grave, ces prix seraient différents de la taxation de mêmes produits pour les embarcations sillonnant le Fleuve Congo, provenant des entités provinciales du Grand Équateur, ainsi que de la province de la Tshopo, alors que ces péniches et autres embarcations partagent le même marché avec celles en provenance de la province du Maindombe. Il faut donc réguler au plus vite ce dénivelement qui porte réellement entorse aux paysans et aux armateurs de la première chère à Mpolo Maurice, avait attesté le chef d’antenne de l’UCAB/Mushie.

Il est à noter que les cas ci-dessus mis en exergue ne sont pas exhaustifs, d’autres requêtes subsidiaires ayant émaillé la correspondance des armateurs des baleinières en bois du Grand Bandundu, devant être envoyé à l’autorité publique nationale ayant la gestion des voies fluviales et lacustres comme prérogatives.
Voilà, toutes choses égales par ailleurs, l’essentiel de l’entretien que Media Actualité a eu avec les interlocuteurs ci-dessus identifiés, afin de mettre les points sur les i et les barres sur les t, en vue de trouver une solution idéale au problème des naufrages récurrents sur les multiples cours d’eau de la RDC. Qu’on se le dise !

Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de Rédaction.-

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