L’attaque du village Komakiro par la milice Mombondo : une préméditation ou une prémonition ?

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Le 27 janvier 2025, le monde entier avait appris avec stupeur la reprise des chevauchées guerrières de la milice Mombondo, qui a attaqué avec une furie incroyable le Village Komakiro, situé entre ceux dits Kunzulu et Fumu Nzale, sur le chenal du Fleuve Congo, dans le territoire de Kwamouth, dans la province du Maindombe. Cette attaque surprise, perpétrée au moment où les bonnes consciences pensaient que les divers protagonistes avaient fumé le calumet de la paix, avaient été quelque moment après suivi de l’assassinat du chef du village Masia/Kwa, plus loin en aval de Kwamouth. Trois mois après, Media Actualité a rencontré à la bonne franquette quelques passagers du HB El Shaddai, provenant du village Ischou, dans le territoire de Kutu, toujours dans la province du Maindombe, qui avaient assisté à cette terrible catastrophe, puisqu’ayant passé la nuit dans ce village martyre, le jour de ce triste événement. Ces derniers, après quelques atermoiements, ont bien daigné se confier à lui, via son directeur de rédaction.

Une embarcation voguant sur le fleuve par la rive droite, en dépit du courant très fort, pour éviter de côtoyer celle où sévissent justement les fameux « mobondos champions ».

D’après ces témoins, déjà à leur arrivée, un climat malsain emplissait le lieu. Les chuchotements sur une éventuelle attaque de ce groupe qui terrorise le plateau des Bateke, composés dans son essence des autochtones, principalement ceux de l’ethnie yaka, originaires de la province voisine du Kwango, se faisaient entendre à voix basse. Mais les militaires commis à la sécurité du lieu ne semblaient pas prendre au sérieux l’avertissement de la population locale, qui croisait ces personnes surexcitées dans la forêt environnante.

C’est vers 5 h 00 du matin du jour susmentionné qu’on verra surgir ces insurgés, fusils d’assaut et artisanaux, ainsi qu’armes blanches ou traditionnelles en main, pour attaquer les positions de l’armée loyaliste, prise au dépourvu par ces rebelles criant « Lunda Lunda » ou de « Mobondo champion », qui s’étaient acharnés sur tous les représentants du pouvoir public, militaires ou civils, ainsi que sur leurs protégés, ou tous ceux qui avaient une quelconque sympathie, réelle ou supposée pour ces derniers. Il faut dire aussi que les membres de la tribu teke, ou leurs alliés, étaient également leurs souffre-douleurs. En deux temps trois mouvements, les personnes ciblées étaient tuées par balle ou par arme blanche avec une brutalité inouïe, sans oublier les multiples exactions faites aux quidams qui avaient l’air suspect à leurs yeux.

D’après les témoins, leurs revendications étaient diffuses et confuses, mais surtout axées sur la chasse aux tenants de l’autorité publique, et aux autochtones, à qui les frondeurs deniaient tout pouvoir foncier coutumier au plateau de Bateke, que ces envahisseurs appellent maintenant le « Plateau Lunda Lunda ». De ce fait, toutes les personnes travaillant la terre sur cet espace libéré n’était plus astreintes à payer en nature ou en numéraire les droits coutumiers aux ayants droit teke, ces anciens propriétaires terriens, dont le credo est « Mabele Mame » ( cette terre m’appartient).

Quand presque toutes les baleinières en chargement avaient été incendiées, leurs occupants blessés ou envoyés ad pâtres, le HB El Sahadai et ses passagers avaient été épargnés par ces gens barbares qui se disaient invincibles, puisque comptant sur leurs fétiches, opérant avec des visages barbouillés de farine blanche et de poussière de braise.

En effet, après leur avoir fait voir de pas mûres et des vertes, en les faisant tourner en bourrique pendant un bon bout de temps dans la forêt, les rebelles de la milice Mobondo les avaient finalement relâchés, sur ordre de leur mystérieuse hiérarchie. Ainsi avaient-ils quitté le village Komakiro stressés et angoissés, en laissant derrière eux le fleuve rempli de sang de victimes de cette deuxième attaque de ce village tombé dans un silence de mort, où l’on trouvait partout de cadavres, dont la plupart étaient éventrés. La scène la plus macabre aurait été celle d’un homme, dont on disait être un agent de migration, dépecé presque vivant à coups des manchettes.

En remontant le fleuve deux mois après pour rejoindre son port d’attache, HB El Shadai avait préféré prendre la rive droite du fleuve Congo, pour éviter de revivre encore les atrocités vécues à la descente au niveau de Komakiro.

A se demander alors, au moment où l’est de la RDC était en grave péril, comment pareilles turpitudes peuvent perdurer à la porte de Kinshasa ? Où sont donc passées toutes ces grandes gueules qui avaient l’habitude de mettre de l’huile dans le feu ? Pourquoi le pouvoir public se laisse-t-il malmener à ce point par ces va-t-en guerre sulfureux, au point d’amener la population lambda à la s’imaginer qu’il y a de collusion entre la haute sphère de la gestion de la Res Republica et ces fauteurs de troubles ?
Heureusement, deux mois après l’attaque de Komakiro, un escadron militaire composé de milliers d’éléments avait pris d’assaut le plateau de Bateke, dans l’axe Masia-Kwamouth- Kunzulu, pour traquer ces inciviques. D’après Radio Mushie, ou celle dite Mushie d’abord, dans un affrontement entre l’armée nationale et la milice rebelle susmentionnée, le fameux « Général Cobra », chef rebelle et gourou, qui avait la présomption d’être le commanditaire des massacres de Komakiro, serait tombé dans dans une embuscade des Forces Armées de la RDC, aux environs de Masia-Mbio. Il y alors de quoi rassurer les populations locales du territoire de Kwamouth, qui vit désormais sous la hantise de ces hors-la-loi.

Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/ Directeur de rédaction.

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