La consommation des valeurs africaines : le challenge du Magazine Rê- Naissance !

Culture
Partager via :

Le 24 janvier prochain aura lieu, de 12 h – 15 h, à Maisha-Park, dans la concession DFCA, derrière la Place Royale, dans la commune de la Gombe à Kinshasa, la capitale de RD Congo, un grand événement culturel dénommé  » La consommation des valeurs Africaines », organisé par le Magazine parisien Rê-naissance. La thématique centrale de cette conférence dite de la Renaissance est « Comment devons-nous d’une manière consciente consommer notre culture sur tous les aspects ? »  

Mabaya Lembo kevin, chargé communication du magazine Rê-Naissance

Cinq orateurs pendront la parole pour décortiquer ce sujet dans diverses coutures. M. Mabaya Lembo, le responsable de la communication dudit Magazine va ouvrir le bal par la présentation de ce nouveau-né de l’espace médiatique africain, ainsi que l’explicitation de son importance, et de ses différentes cibles.

Il sera suivi de Mme Ngalula Fwamba, qui va, elle, parler Sur l’importance des langues endogènes. L’assistance saura alors en quoi la consommation culturelle par l’apprentissage des langues ethniques et nationales est bénéfique à la renaissance africaine. 

Quant à l’écrivain panafricaniste ,Dekatanga Raymond, il va plancher sur la cosmo-théologie africaine et le livre sacré. Les religions occidentales, sont-elles une morphine pour le continent africain ? Telle sera une de palpitantes interrogations, à laquelle ce conférencier va devoir répondre.

En avant dernier plan, Koko Nyamabu va entretenir l’assistance sur  la consommation de la culture africaine via la médecine traditionnelle et l’habillement, en mettant en exergue la confection des tissus traditionnels, ainsi que quelques sagesses africaines, pour enfoncer le clou. Comment pouvons-nous appliquer les sapiences traditionnelles dans la société actuelle ? Ce tribun va devoir tenter de nous en donner la recette.

Pour nous dire le pourquoi du comment de ce projet de grande ampleur, nous avions pris langue avec M. Mabaya Lembo, qui est en fait géographe de formation, membre du réseau africain des jeunes chercheurs en sciences du territoire, et proche collaborateur de la promotrice de Rê-Naissance Magazine.

D’après lui, cette revue est une structure fondée pour restaurer les traditions et l’histoire africaines, mais aussi, pour parler du « panafricanisme ». C’est dans la volonté de scruter à fond ces paradigmes que son staff a décidé d’organiser la conférence dont le programme est ci-haut mentionné. L’évènement cible tout type de participants, de 7 à 77 ans, comme le dirait Hergé, auteur entre autres de Tintin au Congo, avec ses clichés péjoratifs, du genre que la nouvelle revue voudrait combattre. L’entrée à cette manif hautement culturelle est gratuite.

Divine Muntu, fondatrice du magazine

Selon notre intervenant, Rê-naissance Magazine est l’œuvre d’une de ses compatriotes congolaises, Mme Divine Muntu, pour ne pas la citer, historienne de formation, qui avait bien voulu l’associer à cette entreprise, ainsi que d’autres chercheurs. Son premier numéro sera disponible à la fin de ce mois de janvier 2025, mais déjà, ceux qui seront présents  à cette conférence seront les premiers à voir à quoi il ressemble. Divers sujets, à travers diverses thématiques, y seront traités.

Pourquoi les gens qui vivent en Europe, où les valeurs occidentales semblent primordiales, et celles africaines paraissent rétrogrades, se battent comme un diable dans l’eau bénite, pour remettre en sellette les us et  coutumes africains, que d’aucuns vilipendent, en les traitant de pre scientifiques, d’ anachroniques, voire de fétichistes ? 

Pour Mabaya Lembo, vivre en Europe n’est pas  une identité. Un vrai africain, où qu’il soit, à la Terre de feu comme à la Terre neuve, devrait avoir un regard tourné vers chez lui. Citant son cas, il dit avoir fait un bon bout de temps en Afrique de l’ouest pour traiter de la thématique des déchets plastiques, mais aussi pour examiner de près le « phénomène Tshoko », c’est-à-dire la dépigmentation de la peau, via l’usage des produits cosmétiques à base d’ hydroquinone. 

Pourquoi affirme-t-il que vivre en Europe n’est pas une identité ? Lorsqu’on a une couleur de peau qui dès l’abord vous vous renvoie à votre histoire, à votre culture, c’est cette culture-là qu’il sied de revendiquer ! répond sans barguigner notre intervenant. Car être en Europe ne transforme pas un homme noir en un homme blanc, même s’il se casse en mille morceaux pour devenir un européen. Les africains qui vivent en Europe sont juste des africains qui vivent en dehors de leur milieu d’origine, en ayant comme boussole les valeurs africaines et autres paradigmes culturels ancrés en eux.

C’est fort de cette conviction que le magazine Rê-Naissance avait été créé : pour vulgariser l’histoire de l’Afrique et du peuple africain, afin de restaurer les traditions africaines qu’on voudrait de nos jours envoyer aux oubliettes. Même en Afrique, beaucoup de gens ne connaissent pas la glorieuse histoire du berceau de l’humanité ; en tout cas, peu de personnes maîtrisent les ferments de leur propre identité, atteste Mabaya Lembo.

« On est même en train de diaboliser les traditions africaines, comme quoi c’est de la sorcellerie, alors que la religion catholique par exemple est née de la tradition gréco-romaine, donc de la tradition européenne, comme d’ailleurs tous les  dérivés du christianisme, qu’on est venu leur imposer. C’est aux Africains de comprendre que chaque peuple doit vivre et penser selon leur tradition. L’arabe vit à travers l’islam, parce qu’il est musulman. Si le juif a le droit de vivre selon le judaïsme, pourquoi le Ne-kongo ne doit pas concevoir son existence avec le bukongo ? Et les peuples ouest africains à travers le Vaudou ? Quand on parle notamment de cette religion africaine, certaines personnes y voient de la magie noire, alors qu’il y a une science, et une grande culture derrière elle, avait argué notre interviewé.

En pourquoi cette démarche est-elle vitale, existentielle pour Rê-naissance Magazine ? Y-a-t-il un constat de déficit de compréhension des valeurs africaines chez les africains nés ou vivant outremer ? Oui ! Affirme d’emblée M. Mabaya Lembo, qui attribue ce déficit à la grande acculturation qui inhibe le discernement des congolais ou africains nés ou vivant en Occident, même au continent. On le voit notamment à travers le choix de leurs prénoms, qui sont généralement d’obédience chrétienne, ou mahométane, parce qu’ils rechignent à donner ceux d’origine africaine à leurs enfants, alors qu’un blanc donnera toujours à son rejeton une appellation de blancs, pareille pour un chinois, un japonais ou un arabe. Pour lui, les africains donnent à leurs progénitures des noms qui ne les définissent pas. Cela induit un complexe d’infériorité, qui les amène à mettre en berne leurs valeurs et cultures, voire leurs communions avec le terroir, au profit de concepts qui vandalisent leurs esprits, brutalisent leurs âmes, bref qui les déstabilisent leurs devenirs.

Que peut-on encore dire de plus par rapport à l’événement programmé ? Venez tous nombreux le vendredi 24 janvier prochain à la place, au jour et à l’heure sus-indiqués, vous allez entendre parler et discuter avec des gens qui connaissent nos cultures dans tous les domaines : alimentation, santé, habillement, politique, musique, littérature, sciences, etc. Et vous comprendrez, en quoi nos valeurs ancestrales sont bénef à la pérennisation de notre identité, avait affirmé M. Mabaya Lembo. 

Quant à nous, nous espérons que le message de la Rê-naissance Magazine n’est pas tombé dans les oreilles des sourds, et qu’au Jour J, un public nombreux prendra part à cet événement culturel XXL.

 Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/Directeur de Rédaction.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *