Affaire Constant Mutamba : Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage ?

Politique
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Le dossier Constant Mutamba, le ministre d’État congolais chargé de la justice et Garde sceaux, fait couler beaucoup d’encre et de salive. En effet, depuis que l’Assemblée nationale congolaise a donné le feu vert à Firmin Mvonde, le procureur général près de la cour de la cassation, pour poursuivre son patron hiérarchique comme un malfrat supposé avoir détourné 39 millions $ US pour les uns, 19 millions $ US pour les autres, montant destiné à la construction d’une prison à Kisangani, le chef-lieu de la province de la Tshopo, en RDC, plusieurs observateurs politiques pensent que le jeune homme d’état, qui a fait montre d’une fougue extraordinaire dans la traque des hors-la-loi et autres prédateurs des ressources naturelles, minières et financières de son pays, a reçu-là la réponse du berger à la bergère.

Ainsi, ses supporters attestent que ce membre du gouvernement Judith Suminwa Tuluka, qui avait pris ses fonctions de ministre d’État, accompagné de son chien berger, va les quitter la tête haute. Celui dont on dit avoir déjà déposé sa démission sans remords ni regrets à Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la RDC, après avoir rendu de nobles et loyaux services à la nation congolaise, compterait plusieurs actions d’envergure à son actif. Pour ses partisans, la comptabilité de ses bienfaits, en moins d’une année seulement de travail, indique notamment :

  • des offensives virulentes contre les délinquants financiers et autres détourneurs de deniers publics;
  • les poursuites contre les magistrats et fonctionnaires accusés d’abandon de poste ;
  • la bancarisation des frais judiciaires;
  • un plaidoyer pour la peine de mort en cas de détournement de fonds publics ;
  • la proposition d’un projet de loi portant création d’un parquet financier ;
  • le projet de loi portant organisation, fonctionnement et compétences de l’ordre judiciaire ;
  • le projet de loi sur le Conseil Supérieur de la Magistrature ;
  • le projet de loi sur le statut des magistrats ;
  • le projet de loi sur le barreau;
  • le projet de réforme ( très controversé) du Conseil supérieur de la magistrature, puisqu’il plaide pour l’intégration du ministre de la Justice ;
  • la lutte contre le surpeuplement des lieux carcéraux, dans un contexte de grève et de tensions avec les syndicats de magistrats ;
  • la collecte nationale des dons en nature ou en nature pour soutenir les Wazalendo, groupes d’autodéfense populaire en Ituri et au Nord-Kivu;
  • l’organisation des états généraux de justice avec plusieurs réformes pour guérir la justice congolaise, taxée de malade par Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Certaines sources stipulent d’autres réalisations merveilleuses comme :

  • la réhabilitation des veuves et des orphelins dans leurs droits injustement confisqués par les plus puissants;
  • la redynamisation du Guichet Unique de Création d’entreprise, permettant désormais de créer une entreprise en deux jours;
  • la création et la distribution des sceaux officiels aux institutions et organismes publics;
  • l’identification des pasteurs et des églises par la remise des permis d’exercice des cultes.
    Selon le concerné lui-même, lesdites réformes ont donné grande satisfaction à la population congolaise et au président de la République, puisqu’ayant permis la restauration de la confiance des citoyens envers leur appareil judiciaire. Mais quelle mouche a donc piqué ce patriote avéré pour l’amener à poser des actes qu’on lui reproche ? Est-ce un coup monté ou un coup tordu ? Ne savait-il pas qu’il avait affaire aux vieux singes qui ont peut-être perdu la queue dans la bataille mais qui maîtrisent encore l’art de faire des grimaces ? se demande l’artiste musicien Koraf Mulaja, qui pleure la dégringolade de ce justicier qui a fait renaître l’espoir d’équité à tout un peuple pendant longtemps meurtri. En tout cas, si Constant Mutamba a réellement posé les actes qu’on lui reproche, on peut aisément attester que Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre.

Les questions cruciales restent toutefois celles-ci : Que gagnent ceux qui jouent aux Ponce Pilate dans ce dossier rocambolesque ? Ont-ils la conscience moins chargée que l’ incriminé ? Et quel est le bénéfice du pouvoir actuel en sacrifiant son « Lamine Yamal » dans la concrétisation d’un état de droit ? Quant à la clameur publique, elle demande au premier chef d’état congolais natif de Kinshasa de bien écouter les sages paroles de son Vieux Bokul, alias Papa Wemba, qui disait en son temps : Petit na ngai, zala Mayele, bazosala yo jeu ! ( Fais gaffe mon petit, ils veulent te faire un bébé dans le dos). Mais en dépit du fait que Fatshi-Beton aurait déjà, selon une certaine presse, pris acte de la démission du jeune turc et demandé à la cheffe du gouvernement de prendre des dispositions utiles pour assurer le bon fonctionnement de ce ministère, en attendant des mesures adéquates, coup de théâtre le vendredi 20 juin 2025, un confrère assure que Constant Mutamba aurait pris part au Conseil de ministres comme si de rien n’était. Un baroud d’honneur ou un adieu institutionnel ? Membre du gouvernement ou pas, cet ancien candidat aux présidentielles de 2023 dit n’avoir pris aucun rond à la RDC et a promis de continuer son combat pour l’avènement d’une justice saine et équitable en RDC, et non celle instrumentalisée.

Sa récente récusation de son actuel bourreau, ainsi que l’ensemble des magistrats sous sa coupe, a manifestement soulevé la colère des gens qui ont mal supporté ses réformes, ou tentatives de réformes, de l’appareil judiciaire congolais. Pour ces derniers, Firmin Monde, le procureur général près de la cour de la cassation, l’aurait attendu au tournant, au motif de n’avoir jamais apprécié la tentative du jeune ministre d’État de le clouer au pilori dans l’affaire « achat à 910.000 € de son immeuble de Bruxelles », dossier révélé par un tabloïd qui se veut panafricain. Rien que ce fait devrait pousser son pourfendeur de se dessaisir de ce dossier brûlant, probité morale oblige ! affirment les bonnes consciences.

Outre ce qui a été dit ci-dessus, le pestiféré attestent lui-même qu’on voudrait l’humilier pour son zèle dans la poursuite des têtes couronnées des rebelles du M23/AFC. Déjà, le fait que le ministre rwandais des affaires étrangères se soit publiquement, via son compte twitter, réjoui de la tournure qu’a prise son feuilleton judiciaire à la Novelas montre à suffisance que celui-ci n’a pas tort d’affirmer que les rebelles qui endeuillent l’Est du territoire Congolais, leurs complices internes, ainsi que leur parrain rwandais ne sont pas très loin de sa descente aux enfers. Il sied de rappeler ici que le jeune avocat devenu membre influent de l’Union Sacrée, la majorité parlementaire qui soutient Fatshi-Beton, avait commencé son activisme politique dans les rangs de ceux qu’il combat aujourd’hui. D’après un caricaturiste, son tort serait celui « d’être le seul chevelu parmi les chauves ». Lors d’un débat à l’assemblée nationale, l’honorable Baudouin Mayo Mambeke, un grand cadre de l’UNC de Vital Kamerhe, l’actuel président de la chambre basse du parlement congolais, aurait en sibylline mis en garde les blancs-becs qui veulent faire des court-circuits politiques, lesquels devraient s’en prendre à eux-mêmes.

Cependant, depuis que Constant Mutamba est dans la tourmente politico-judiciaire, outre le silence étonnant de ses pairs du gouvernement, un fait récurrent a aussitôt refait surface : tous les « kulunas » rient aux anges du bon Dieu ! Ces derniers, en cravate ou en machette, exultent, conscients d’être les plus grands bénéficiaires des déboires de l’homme qui voulait révolutionner la justice congolaise. On se souvient d’ailleurs que l’un des malfaiteurs avait crûment dit au ministre de la justice déchu, ou qu’on tient à déchoir, lorsque ce dernier les avait envoyés aux galères : Mandat ya l’état mpe esilaka, (le mandat gouvernemental ou étatique a une fin) dixit Reddy Amisi, le grand chanteur de Viva La Musica. Maintenant que leur pourfendeur est rattrapé par cette réalité, les jeunes bandits ont carrément repris du service.

Dans une grande partie de la commune de Matete par exemple, plongée dans le noir depuis plus d’une semaine, les bagarres entre gangs ont repris dans les artères publiques, notamment dans l’axe Immeuble Ndjoli-Hôtel Signature- couloir Wikhens-couloir Tshilombo et leurs abords. Il faut aussi signaler que la route qui mène au quartier De bonhomme, via le quartier Batandu, à sa jonction avec le tunnel provenant de l’Espace Ndjoli, constitue un véritable lieu opérationnel de ces jeunes délinquants, qui utilisent la machette comme arme d’intimidation ou de combat. Un autre foyer de tension se trouve être le carrefour Maindombe-Batandu-Viaza-Mboloko, non loin du domicile familial de l’artiste musicien Félix Wazekwa, et de la demeure du grand chanteur Le Karmapa. D’aucuns espèrent que ces deux musiciens-penseurs made in « ONU Britannique »(surnom de la commune de Matete) vont trouver dans ce fléau une source d’inspiration dénonciatrice, en vue de libérer les leurs du stress provoqué quotidiennement par cette calamité.

Selon les habitants de ces zones traumatisées, cette recrudescence est favorisée par les divers chantiers des travaux de réhabilitation des routes de leur municipalité, qui deviennent des vraies souricières dès la tombée de la nuit. Toutefois, pour la plupart d’entre eux, le grand coupable, pour ne pas dire grand complice, dans cette affaire, c’est l’absence d’électricité ! Que vivement la Société Nationale D’ Electricité puisse pallier à ce déficit, avant qu’il ne soit trop tard, supplient les victimes.

On parle également de l’inefficacité de la police de proximité, souvent intimidée par les jeunes bandits, ainsi que de la couardise de la population locale, qui se laisse trop impressionnée par la témérité factice de ces voyous.

Néanmoins, des informations parvenues parvenus à notre rédaction attestent que la recrudescence de la délinquance juvénile est devenue un phénomène urbain, depuis la neutralisation de Constant Mutamba ! La révolution mangerait-elle ses enfants ? En tout cas, l’opération « Ndobo », initiée par Jacquemin Shabani et Eugénie Tshiela Kamba, respectivement vice-premier ministre et vice-ministre en charge de l’intérieur, décentralisation et affaires coutumières, n’aurait pas eu de vigueur sans l’implication costaude du ministre d’État exposé à la vindicte de ses pourfendeurs. Pour éviter les atermoiements procéduraux de la justice civile, ce dernier avait orienté les dossiers Kuluna vers la justice militaire, avec les résultats qu’on connait !

Ainsi, depuis qu’il est malmené, les kulunas se frottent les mains, et les pauvres victimes n’ont plus assez de larmes pour pleurer leurs sacs et autres appareils téléphoniques arrachés de force, si elles ne sont pas « machettées ». Il n’est donc pas conseillé aux personnes seules, surtout les jeunes filles et dames, de dandiner aux endroits publics, à partir des heures vespérales jusqu’au lever du soleil. Chaque soir ou presque, les cris de détresse des citoyens attaqués par ces inciviques emplissent les airs. Le temps que quelques audacieux osent sortir de leurs maisons pour secourir les émetteurs de ces SOS, les criminels disparaissent dans la nature, en menaçant de frapper leurs éventuels poursuivants avec des armes blanches. Le chat parti, les souris dansent !

Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de rédaction.

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