Accord de paix du 27 juin 2025 signé à Washington : Est-ce la fin du sempiternel conflit armé Rwando-congolais ?

Politique
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Jour triste ou historique ? La date du vendredi 27 juin 2025 aura en principe marqué un terme à l’aventure belligérante du Rwanda de Paul Kagame à l’est de la RD Congo de Félix Antoine TShisekedi Tshilombo. A en croire certaines statistiques, Cette guerre a endeuillé pendant plus d’un quart de siècle l’est de la RD Congo, précisément le Sud et Nord Kivu, ainsi que l’Ituri. En effet, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (« RDC ») et celui de la République du Rwanda, qui se regardent en chiens de faïence depuis trop bien longtemps, ont finalement signé un accord de paix, mis en route le vendredi 27 juin 2025 à Washington aux États-Unis d’Amérique, sous le haut patronage du gouvernement américain.

Afin d’affirmer leur engagement de respecter la déclaration de principes agréée par les parties prenantes le 25 avril 2025, laquelle déclaration est fondée sur le respect réciproque de la souveraineté nationale, celui de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale, ainsi que du règlement pacifique des différends entre ces deux pays, huit points assurent la garantie de son exécution, les protagonistes ayant reconnu la nécessité de recourir à une résolution politique négociée, plutôt qu’à une solution armée, pour résoudre les différends qui les opposent depuis belle lurette.

Dans cet engagement officiel, une clause a mis l’accent sur l’intangibilité et le respect des frontières héritées de la colonisation, ainsi que sur l’accompagnement des instruments relatifs à la promotion de la paix et de la sécurité, afin de maintenir des relations cordiales entre les pays africains. Tant d’autres options découlant du processus de Luanda et du concept mis en place lors du deuxième sommet CAE-SADC des chefs d’État et de gouvernement du 24 mars 2025, pour la neutralisation des FDLR et le désengagement des forces/levées défensives du Rwanda (CONOPS) du 31 octobre 2024, ont aussi été mises en exergue. Les négociations en cours entre la RDC et l’AFC/M23, grâce aux bons offices du gouvernement qatari, ainsi que l’obligation des parties de soutenir ce processus, ont été soulignées en gras, en vue d’empêcher la reprise des hostilités pouvant déstabiliser durablement une paix chèrement acquise, ainsi que la stabilité et le développement économique intégré dans la région, sans oublier les relations bilatérales sereines.

  1. INTÉGRITÉ TERRITORIALE ET INTERDICTION DES HOSTILITÉS

Dans cette rubrique, les parties en présence acceptent de respecter l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, en désengageant des forces/levée des mesures défensives du Rwanda, et en favorisant la mise en œuvre du Plan harmonisé de la neutralisation des FDLR. Il est donc interdit aux parties en présence de soutenir des actes hostiles ou des groupes armés nuisibles. À cette fin, les pays anciennement en conflit s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que pareilles activités soient de nouveau initiées, planifiées, exécutées, commanditées ou financées à partir de leurs territoires respectifs.

  1. DÉSENGAGEMENT, DÉSARMEMENT ET INTÉGRATION DES GROUPES ARMÉS NON ÉTATIQUES

D’une manière séquencée et coordonnée, le désengagement des forces négatives, ainsi que l’intégration conditionnelle, rigoureuse et individuelle dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Police nationale congolaise (PNC) des éléments des ex belligérants seront passés au peigne fin, lit-on dans le texte de base.

  1. MÉCANISME CONJOINT DE COORDINATION DE LA SÉCURITÉ

Il est recommandé aux Parties de travailler ensemble, ainsi qu’avec les partenaires régionaux et internationaux, pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement dans la région.

  1. MONUSCO ET AUTRE SOUTIEN MULTILATÉRAL

Les Parties en présence doivent être enclines à appuyer et à encourager les efforts déployés par les forces et mécanismes multilatéraux de maintien de la paix, d’interposition et de vérification, notamment la MONUSCO, à protéger les populations civiles, ainsi qu’à mettre en œuvre tous les éléments de leur mandat pour garantir la paix et la sécurité dans la région.

  1. CADRE D’INTÉGRATION ÉCONOMIQUE RÉGIONALE

Les deux pays conviennent de lancer, dans les trois mois suivant l’entrée en vigueur dudit Accord, un cadre d’intégration économique régionale, en plusieurs étapes, lequel cadre sera défini dans un accord distinct intitulé « cadre d’intégration économique régionale », qui s’appuyera sur les institutions déjà existantes, telles que la ZLECAf, la CIRGL, le CO et la CAE.

  1. MISE EN ŒUVRE ET RÈGLEMENT DES DIFFÉRENDS

Tout différend découlant de la mise en œuvre de l’accord signé le 27 juin 2025 à Washington sera résolu à l’amiable, avec la facilitation du Comité de Surveillance Conjointe. Si elles ne parviennent pas à régler un différend à ce niveau-là, la question va être renvoyée au Comité de Surveillance Conjointe pour facilitation.
Il est à noter que l’accord signé reste en vigueur pour une durée indéfinie, sauf avis contraire de l’un des signataires. Il peut alors être résilié à tout moment par l’une ou l’autre partie,sur préavis écrit de soixante (60) jours, transmis à l’autre Partie. Il peut être amendé par le consentement des deux parties prenantes, et son annexe est considérée comme faisant partie intégrante de son contenu.

Voilà, toutes choses restantes égales par ailleurs, le substrat de cet accord salué avec une effervescence particulière par les ténors internes et externes ayant œuvré à sa matérialisation. Un tour d’horizon dans certains tabloïds nous fait savoir que, pour Emmanuel Macron, le président de la République française, cet arrangement est un pas en avant historique qui va mettre fin à des décennies de souffrance. Quant à Maxime Prévôt, vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, il a déclaré que la mise en œuvre effective des engagements pris est cruciale, afin de parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs.

Le Qatar parle, lui, d’un accord important, qui devrait renforcer la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Le Canada, quant à lui, salue avec force un acte qui fait avancer les choses dans la direction de la paix, tout en exhortant les parties en présence à honorer les engagements pris. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les pays concernés au respect des engagements pris, tandis que le président américain Donald Trump traite cet accord d’une « grande affaire ».

Lorsque l’Union Européenne salue avec allégresse l’implication des États-Unis dans la recherche de la paix entre le Rwanda et la RD Congo, Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix congolais, s’insurge contre la signature de cet accord par le régime de Kinshasa qui, d’après lui, a carrément fouler aux pieds la souveraineté nationale de la RDC, en légitimant l’occupation de ce pays par les forces ayant été à la base des millions de morts, de centaines de milliers de femmes violées et du déplacement d’un nombre incalculable de congolais.

Son compatriote Albert Mukulubundu, le porte-parole du FDA, a parlé, lui, d’un jour triste. D’après ce jeune leader panafricaniste, à trois jours du soixante cinquième anniversaire du pays de Lumumba, on vient encore lui faire un bébé dans le dos, en consacrant l’impunité des assassins de son peuple et leur retour aux affaires. C’est un Congo à genoux qui s’était plié aux désidératas du Rwanda, sous couvert de la méditation d’une communauté internationale versatile.

En dépit des critiques acerbes d’un certain nombre de ses concitoyens, Thérèse Kayikwamba Wagner,
la Ministre des Affaires étrangères congolaise, considère cet accord de paix comme une étape importante du retour de la paix dans la région des grands-lacs, dans le respect du droit international, des droits de l’homme et de la souveraineté des États, tout en soulignant le droit légitime des victimes de vivre dans la quiétude. Il en est de même de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la RDC, qui a salué l’initiative de son homologue américain Donald Trump pour son implication personnelle dans le retour de la paix entre son pays et le Rwanda.

Comme le dit une sagesse, on ne sait pas faire d’omelette sans casser des œufs. Mais d’après d’aucuns, le vrai problème ne se trouve pas dans la signature de ce document, mais plutôt dans la sincérité des parties prenantes, notamment le gouvernement rwandais, ainsi que les états ou personnalités politiques, pourquoi pas les institutions publiques et privées, ayant été les garants de ce processus de paix, à pouvoir assumer leurs responsabilités, afin que la population martyre de l’est de la RDC n’ait plus à payer le prix fort de certains subterfuges.

Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de rédaction.

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