Une épidémie scélérate décime les gros bétails au village Ibia et ses environs, dans la province du Maindombe.

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Depuis bien longtemps, la contrée de la rivière Kasaï a toujours connu une intense activité pastorale. Situé dans le territoire de Kutu, province du Maindombe, en RDC, le village Ibia se trouve être la dernière grande agglomération sur la rive droite de la rivière précitée, avant d’atteindre la cité de Mushie.

L’élevage des bœufs et des vaches étant un secteur très prisé par la population locale, on y trouve alors un essaim de fermiers ayant installé leurs pénates aux alentours. Certains d’entre eux se sont même établis sur les nombreux bancs de sable situés au milieu de la rivière Kasaï, entre la cité de Kimbambili et celle de Mushie. En sus donc de l’agriculture et de la pêche, l’élevage constitue un vrai soubassement économique de ce milieu rustique.

Malheureusement, peu avant le début de cette année, une épidémie bovine sévit avec hargne dans cette partie riche en pâturages de la province du Maindombe, en RDC.
Chaque jour qui passe, les pauvres fermiers, autant que la population locale, assistent impuissants à la destruction de leurs cheptels. Et tous leurs efforts, en termes de vaccination ou de soins administrés aux animaux malades, s’avèrent vains.

Selon Maman Nkena, la jeune cheffe de ce village emblématique ayant a été le point centrifuge de l’immigration du peuple Sakata à son emplacement actuel,
plusieurs fermes de son terroir, durement frappées par cette calamité, risquent de mettre la clé sous le paillasson.

Le jeune Chef Boka Nsiki Mitayi, de Kembali-Maï, dernier village Sakata à la rive gauche de la Rivière M’fimi, avant son confluent avec la rivière Kasaï, au niveau de la cité de Mushie

Mais en dépit de la disette qui est souvent manifeste dans le coin avant la grande saison de pêche, beaucoup de paysans évitent de consommer la viande de ces bêtes ayant avalé leurs chiques sans crier gare. A Kembali-Maï, le village voisin d’Ibia, du côté de la rivière M’fimi, dirigé par le jeune chef Boka Nsiki Mitayi, la situation n’est pas différente de celle d’Ibia. En effet, cette bourgade qui a toujours été la réserve halieutique naturelle de ce secteur, n’a pas été épargnée par cette situation. Toutefois, nonobstant l’absence de poissons, plusieurs personnes sont rétives à la consommation de cette barbaque fade, même quand on l’épice abondamment, qui vient d’Ibia.

A en croire M. Dadou Sapin Ilunga, un fermier rencontré à la bonne franquette, cette pathologie bovine funeste s’appellerait Denk, « la fièvre de trois jours ». Les médecins vétérinaires qu’il aurait contactés à ce sujet lui ont attesté que jusqu’alors, il n’y aurait pas de médicaments pour combattre ce fléau. Ladite maladie aurait fait son apparition à Ibia et ses environs il y a plus d’une année, mais ne s’est manifestée avec son actuelle virulence depuis seulement quelques mois. Au départ, elle se serait d’abord attaquée aux bêtes sauvages. Après que les autorités publiques aient mené des enquêtes à ce sujet, elles avaient interdit la consommation de tout animal, domestique ou sauvage, ayant été trouvé mort pour des raisons non identifiées, à cause du risque de la transmission de ladite pathologie à l’homme.

Une vue d’un habitat dans une des fermes des environs d’Ibia.


Quoique certains individus continuent à passer outre cette mesure préventive, la majorité semble l’avoir suivie.

Cependant, pour ne pas tout perdre, les éleveurs ont trouvé plusieurs astuces pour contourner la vigilance des uns et des autres. La première consiste à abattre anticipativement toute bête présentant des signes de fébrilité, avançant des raisons autres que celles de la maladie pour convaincre les consommateurs non avertis, qui trouvent dans cette viande vendue à vil prix un palliatif à la crise alimentaire qui bat son plein dans les campagnes congolaises.
D’autres malins se mettent carrément à fumer les bêtes ayant ainsi péri, pour les présenter aux consommateurs comme du gibier boucané.
Ceux qui en ont des moyens partent rapidement vendre les bêtes suspectes dans les grands centres de consommation comme Bandundu-ville, ou Kinshasa.

D’après beaucoup de personnes interrogées,  » la fameuse fièvre de trois jours » aurait commencé à sévir avec force dans les grands milieux pastoraux situés le long de la rivière Kasaï, tels que Mpanu, Bobo, Semondane, Makaw, Seko et tant d’autres, qui avaient vu leurs activités d’élevage être réduites à la portion congrue.
Progressivement, les fermes d’en bas sur le même cours d’eau avaient elles aussi été atteintes par ce fléau.
Pour dire vrai, ce désastre a mis en débandade les éleveurs qui opèrent le long de ce grand cours d’eau, dans son bief compris entre l’embouchure de la rivière Sankuru et son confluent avec celle dite M’fimi. En tout cas, ces derniers n’ont plus assez de larmes pour pleurer leurs troupeaux ainsi ravagés par cette terreur invisible.

Il sied de signaler ici que lesdites fermes agissent souvent comme de petites coopératives, puisqu’elles permettent à d’autres personnes d’y élever également leurs bétails, moyennant bien sûr le paiement d’une rétribution en nature ou en numéraire.
En plus des éleveurs professionnels, c’est plus ou moins toute la population paysanne des régions touchées par cette sournoise épidémie qui se retrouve victime de ce fléau. C’est pourquoi, ensemble avec leurs fermiers, elle assiste avec ahurissement à la disparition de leurs lieux de production bovine. Ainsi lance-t-elle un appel pressant aux autorités, tant provinciales que nationales, ayant l’élevage dans leurs attributions, pour qu’elles puissent aider leurs fermiers à mettre un terme à cette néfaste catastrophe.

Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de Publication.

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