Sammy D’elsan Bialu Kalambayi est un poète et homme de culture congolais qu’on ne présente plus dans Media Actualité, tellement il a habitué les lecteurs de ce tabloïd numérique avec ses sentences poétiques à la sauce panafricaniste et altermondialiste, qui exaltent des personnalités et des faits ayant marqué les combats que les peuples africains ont menés, ou mènent, pour sortir le berceau de l’humanité de l’ostracisme néo colonial.

Sa poésie ignée est assurément de la lignée des plumes négro-africaines ayant encensé avec éclat les hérauts qui ont lutté, ou qui luttent toujours, pour débouter « l’afro-pessimisme », que l’Occident voudrait inoculer dans les esprits d’actuels habitants d’Alkebulan, dans le chef de les démobiliser et de les amener à baisser la garde.
Le voilà qui nous revient avec cinq poèmes de long souffle, qui rappellent entre autres aux uns et aux autres la lutte de ce grand leader du peuple d’Ogoni ( une contrée nigériane), pendu avec ses huit compagnons du Mosop, pour avoir voulu défendre sa terre des pestilences pétrolières. Comme les initiés l’ont sûrement deviné, il s’agit bel et bien de Ken Saro Wiwa !
Savourez alors de vous-même la suavité de cette puissante poétique, qui met en exergue cet inébranlable défenseur des droits du peuple d’Ogoni qui, juste avec sa plume et sa voix de tribun, a tant mis en mal le pouvoir du général Sani Abacha et des consortiums pétroliers installés au pays des « Super Eagle », au point que le tuer par pendaison, comme ce fut le cas avec les Kimba, Anani, Mahamba et Bamba en RDC, au lieu dit actuellement Stade des Martyrs de la Pentecôte, était devenu la seule alternative trouvée par le dictateur nigérian pour sauver les dehors !
Sans trop mettre des mots sur cette prestation littéraire de bon augure, en voici in extenso la quintessence.

l’infrangible Ken Saro Wiwa
Le revoici armé de feux et scintillant sous une large et vive lumière,
Le cauchemar des pollueurs de l’Ogoni-Land !
- A Ogoni, disait-il de sa voix grincheuse,
C’est moi qui gouverne !
Sans pusillanimité,
Ni avoir la trouille des multinationales pétrolières,
Il a su donner à son peuple
l’assurance et la grandeur qui ont mis
en débandade des industriels véreux.
Oui ! Il a réussi à amener la classe paysanne et prolétarienne au changement prompt et radical,
Oui ! Il a réussi à amener la classe paysanne
Qui a malmené les intérêts impérialistes en Ogoni,
En les mettant entre la vie et la mort !
Et devant le miroir de leurs consciences volages,
Le fatras de leurs dégâts écologiques,
Provoqué par leur boulimie de profit,
A créé un pompeux déficit entre
une nature dépouillée et leurs bourses garnies.
Et maintenant qu’Ogoni n’a plus de fantastique panorama à exhiber,
Les pourfendeurs de Ken,
Comme des alcooliques,
Souffrent de coliques,
Des douleurs aux entrailles
qui bloquent leurs organes vitaux,
Et se dézinguent à son souvenir.
Depuis qu’il n’est plus là,
Les gens s’étouffent dans un ogoni
plein d’ exhalaisons nocives,
Où sans masque à gaz,
La nature devient putréfactions gazeuses.
Où est donc passée cette eau bénite,
Qui adoucissait les gorges de braves bledards ?
Où est alors partie la forêt,
Qui ravitaillait les campagnes en viandes diverses,
Via de robustes et agiles chasseurs ?
Où se trouve donc ce paysage qui ennoblissait autrefois la splendeur de ces terroirs,
Qui faisait accourir tant de touristes ?
Où sont alors allés ces sentiers en terre battue,
Où paradaient sans façons de téméraires jouvenceaux et de gracieuses jouvencelles ?
Que sont donc devenues ces écoles sous les baobabs,
Qui enseignaient aux néophytes
les vertus de leurs parcours ici-bas ?
Où se trouve alors la gaité spontanée du peuple d’Ogoni-Land,
Qui faisait de toute rencontre
un vrai moment de sollicitude ?
Et voir ce peuple devenir errant,
Puisque privé de ses terres,
Savoir que ses farouches guerriers
se sont mués en pantins de ces immenses sangsues pétrolières,
Apercevoir ces coquettes et capricieuses damoiselles,
ainsi que ces forts
et beaux damoiseaux,
Prendre le risque d’émigrer vers l’inconnu,
Pour parfois crever dans les eaux étrangères,
Et que les femmes enceintes,
sans masque à gaz,
Fuir les relents gazeux dans leurs pays,
Devient pour moi un grand motif d’irritation.
Voilà que les génisses naissent avec des anomalies congénitales,
Que les agneaux de lait manquent l’aire de jeu pour gambader,
Que les gamins roux ne dansent plus
aux flammes de feuilles mortes qui tombent de nu !
Avez-vous fini de vous enivrer du sang
de Ken et de ses huit compagnons du Mosop ?
Avez-vous arrêté de dévaliser le ciel et la terre d’Ogoni,
Pour vous emplir incontinent la panse ?
Qu’avez-vous gagné en empoisonnant cette contrée naguère éthérée,
Avec la vapeur d’hydrocarbure et d’oxyde de carbone ?
Pourquoi semez-vous du gaz à effet de serre,
Pour espérer moissonner des bouquets de fleurs ?
En vrais vautours ou chacals,
Vous vous nourrissez de charognes !
Régalez-vous !
Déversez votre hargne sur l’Etat d’Ogoni, Revêtez vos lugubres tenues d’hyène,
Pour me zigouiller comme Ken Saro Wiwa !
Ôtez la vie à mes nouveaux-nés !
Mettez à mort les enfants d’Ogoni !
Que vos langues défiantes appellent Sani Abacha au secours !
Les clapotements furieux de nos mânes
vont finir par vous vouer aux gémonies,
Pour avoir abusivement cloué au pilori,
Un digne fils du royaume d’Ogoni !
Avec la corde ayant noué le cou de Ken Saro Wiwa,
On attachera les organes vitaux de ses bourreaux !
Pour avoir embrasé sa plume au vitriol,
On va désaccorder les péans
de leurs juteuses combines,
Pour que les stances de Ken
puissent requinquer l’activisme
de ses compagnons de plume !
Ecoute le cri du saint égorgé à Rome !
Crois au miracle de nos mots croisés !
Regarde les écriteaux des altermondialistes,
A la grande place qui borde la Maison Blanche,
Admire les rues qui houspillent
la parodie de leur abjecte justice !
- Vive Ken Saro Wiwa, le maître d’Ogoni !
clament toujours les irréductibles militants du Mosop !
La sentence de l’apocalypse est de nouveau tombée !
Et je tire à boulets rouges sur le général en lunettes fumées !
En fixant ses yeux fourbes,
Je n’ai pas eu de moments d’affolement !
Je me moque des ogives nucléaires plantées par les pollueurs dans le décor d’Ogoni,
Juste pour édulcorer ma fougue dénonciatrice !
Non ! Que le mal se tasse !
Je ne veux plus me baigner dans ces ruisseaux desséchés,
Qui traversent nos terres devenues arides !
Je rêve que les hiboux vont continuer à pousser les cris d’ofraies,
Pour chasser les envahisseurs de nos terres désacralisées !
Je veux rêver que mon fleuve déppolué se mette à irriguer les champs pétrolifères,
En irrigant avec de l’eau fraîche de la source,
Ma brousse et son espace vert,
Pour que les conifères puissent toujours y installer leurs pénates !
Oui ! Je ne veux plus assister à la dégénérescence de mon alma mater !
Je veux un jour de nouveau manger mes poissons d’eau douce,
J’espère encore une fois me baigner dans la baie des poissons carnassiers, qui ont mis en déroute les desseins sinistres des destructeurs de mon espace vital !
Dès ce soir, je vais chanter et danser à l’infortune du dictateur !
Sa fortune dissimulée au pays de l’Oncle Sam,
Est bien entendu à rendre à mon peuple !
Le peuple colombe d’Ogoni-Land
Est déjà sorti de sa torpeur,
Depuis qu’il a appris que l’aigle d’Abuja a crevé d’étouffement :
Crise cardiaque, avait-on diagnostiqué !
Honneur à Wole Sonyika,
Le prix Nobel de la paix,
Qui avec ses mots assommants,
N’avait pas épargné le nébuleux dictateur nigérian !
Réveille-toi,
Vieux confrère dans la plume,
Prends enfin tes satisfecit !
Réveille-toi,
Cher leader fondateur du « MOSOP »,
Depuis que tu vis dans la félicité éternelle,
Les distinctions pleuvent en ton nom !
Réveille-toi,
Grand tribun et écrivain,
Pour servir de guide à tes émules et épigones,
Qui continuent à houspiller avec véhémence,
Ceux qui t’ont trucidé pour rien !
Réveille-toi,
Grand défenseur des opprimés,
Pour voir comment ta plume croustillante,
Continue à confondre les manigances de tes pourfendeurs !
Après ces sermons ayant ressuscité Ken Saro Wiwa dans la conscience collective, la plume de Sammy D’Elsan s’engage avec virtuosité dans la défense du Lion Indomptable de la plume, qui en fait voir des vertes et des pas mûres à Paul Kagame, le Caligula des pays de grands Lacs : Charles Onana ! De peur d’en dire trop, je vous laisse déguster ces strophes délirantes.

Chant de gloire pour Charles Onana
Fils du dieu de l’orage,
Défiant les pilleurs de l’Afrique noire,
Il renverse les balances truquées
de la communauté internationale
Charles Onana,
Baliseur du puissant, grand et majestueux fleuve Congo,
Casseur du mythe de l’arrogance diplomatique occidentale,
Illustre héraut de la dénonciation
de vrais auteurs du génocide congolais,
Qui récuse la politique d’autruche de la communauté internationale,
Une racine de la vérité invincible
au milieu de la haine et de la délation !
Charles Onana,
Défenseur du continent noir et de tout son peuple,
Tribun des opprimés, des réifiés, des paupérisés,
Promesse de l’aube qui se réalise au réveil du soleil,
La plume au mugissement d’un lion indomptable,
Qui met en déroute l’axe oppressif,
lequel s’agite et sort ses crocs,
En se servant d’une justice putative,
pour intimider en vain le preux,
Qui tombe comme une manne du ciel pour défendre l’Alkebulan !
Avec les bourrasques livresques
du digne enfant de Yaoundé,
Les commanditaires de la guerre
de l’est du Congo sont aux abois,
Et se mettent à l’œuvre pour impressionner le fils de Ruben Um Nyobé,
Avec des billets verts et des coffrets d’or ensanglantés.
Le tombeur de l’humanitaire à géométrie variable.
Les charmes sulfureux de ces filles de Lucifer ne l’ayant pas du tout ému,
leurs parrains ont engagés des toges noires,
qui croassent comme des corbeaux,
ou des crapauds,
Lesquelles organisent la chasse à l’homme,
De l’impertubable essayiste franco-camerounais.
Mais peine perdue !
Ce dernier a le peuple africain comme garde-suisse !
Et ni l’offre d’un parrainage International,
Ni le chantage de retrait de la nationalité métropolitaine,
N’eurent d’effet sur cette altière plume camerounaise,
Qui n’aspire qu’à la récompense de la vérité,
Nullement à celle de la cruauté !
Avec la déconfiture de leur ballet de séduction,
Les conspirationnistes s’installent
avec la pioche à la tribune,
Et la méchanceté se met à traquer
l’inlassable journaliste d’investigation,
Quand la calomnie, elle, vibre
et cherche à nuire au prince de la vérité !
Regardez donc la tête d’Hannibal le cannibale !
Comme un boa enragé,
il veut étouffer l’icône africaine de la résistance médiatique !
Onana devient alors la proie des pieuvres diplomatiques,
Mais reste zen devant l’adversité,
et son calme olympien provoque
des sueurs froides chez ses sinistres détracteurs !
Quoique attaqué et malmené,
Cet épigone de Lumumba,
Ou de Kwameh N’krumah,
Garde en tête l’objectif de son combat,
Et inocule une peur bleue aux fauteurs de trouble,
Qui, en face de ce farouche redresseur de torts,
Commencent à perdre les pédales,
Ayant compris que leur mirifique carnet d’adresses,
N’impressionne aucunement
le nouveau Thomas Sankara !
Africaines, et Africains !
Il ne faut pas laisser vos braves enfants dans la géhenne de l’imposture !
L’Afrique de Sékou Touré,
de Nelson Mandela, ou d’Amical Cabral, ne laissera pas ses dignes combattants entre les mains des tueurs à gages.
Réveillez-vous, peuples africains,
Comme vous l’a dit M’zee Laurent Désiré Kabila,
Prenez-vous en charge,
Car la paix se gagne !
Prenez donc la défense
de celui qui défend le mieux l’ancien Congo Belge,
Contre sa balkanisation !
Sa victoire judiciaire signifiera la fin
de la prédation de l’est de la RDC !
Acheter ses bouquins aux titres prémonitoires
Et lire ses judicieux articles Lui donneront un second souffle ! Que doit encore faire Charles Onana,
Pour qu’on lui offre le passeport diplomatique congolais ? Doit-il de nouveau s’offrir en holocauste,
Pour qu’on rebaptise le Palais du Peuple en son nom ?
Depuis la mort de Patrice Emery Lumumba,
Son combat est un des plus sacrés que mène un africain,
Pour libérer l’ex Congo-Kinshasa de l’emprise du néo impérialisme….
Déjà avec ces deux poèmes époustouflants, on sent que la veine révolutionnaire du poète Sammy D’elsan Bialu Kalambayi est à son paroxysme. Nous découvrirons si vraiment tel est le cas avec le décorticage de trois pièces poétiques restantes, que vous lirez certainement dans une de nos prochaines prestations !
Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/ Directeur de Rédaction.