Depuis un bon bout de temps, l’actualité congolaise est dominée par l’affaire » Constat Mutamba ». En effet, le fougueux jeune ministre d’État en charge de la Justice et Garde-sceau, qui semble être un portrait craché de Frédéric Kibassa Maliba, un de 4 fondateurs de l’UDPS, qui avait fini par créer sa propre aile de ce parti de l’opposition aujourd’hui au pouvoir, aile dite « UDPS/Kibassa », est en train de connaître des moments de grande adversité politique.
En effet, le procureur général Firmin Mvonde a demandé à l’Assemblée Nationale l’autorisation d’ouvrir une enquête sur le grand locataire du Palais de la Justice, soupçonné d’avoir détourné un montant de 39 millions de dollars, destiné à la construction de la prison de Kisangani, pendant que l’homme au tif abondant rejette cette accusation gratuite, et affirme avoir dans ce dossier respecté les procédures ayant concouru à la signature du contrat de gré à gré avec l’entreprise Zion Construction SARL pour l’érection de l’auberge carcérale de Kisangani, en insistant sur le fait d’avoir obtenu une autorisation spéciale pour ce faire et en soulignant, somme toute, l’inaction étonnante de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka , face à cette situation qui s’envenime de plus en plus.
Comme on devrait s’y attendre, ce bras de fer entre les deux figures de proue de l’appareil judiciaire congolais secoue brutalement les hautes sphères de la RD Congo. Est-ce le retour de la manivelle ? En effet, quand on connaît la fougue avec laquelle ce jeune ministre d’État, à l’instar de son compère Jules Alingete, l’ex patron de l’IGF, voudrait assainir l’espace politique et judiciaire congolais, à travers la traque des délinquants financiers et la lutte contre la corruption, on ne peut avoir l’ombre d’aucun doute qu’il y a « La main noire » qui tire les ficelles à l’ombre, affirme la clameur publique.
Lors d’une communication tenue le 26 mai 2025 au Palais de la Justice, l’homme d’état cloué au pilori s’en était pris avec véhémence à ceux qui en veulent à sa tête, parce que celle-ci paraît fort déplaire aux fossoyeurs du trésor public. Dans cette réponse du berger à la bergère, il a vitupéré la procédure initiée par le procureur général près de la cour de la cassation, qu’il accuse d’avoir agi dans l’illégalité .
« Je ne vais pas démissionner », avait-il crié haut et fort, tout en réitérant sa fidélité à Félix Tshisekedi, et en lançant des critiques acerbes à Joseph Kabila. Pour lui, cette affaire scabreuse n’est qu’un complot visant à le discréditer, pour avoir mis en mal un réseau de corruption au sein de l’État. Ces complotistes doivent d’abord arrêter le peuple avant de l’arrêter, avait-il fini par décréter. Mutamba avait ainsi affirmé qu’il ne se plierait pas aux pressions des prédateurs de la République, tout en promettant de révéler, s’il le faut, des dossiers accablants sur le fonctionnement de la magistrature congolaise. Sans barguigner, il avait promis annoncé des sanctions exemplaires contre le procureur général indocile, tout en pointant du doigt un groupe ethno- tribalistique qui voudrait le déstabiliser, afin d’arrêter son élan de vouloir mettre de l’ordre dans la boutique.
Quant au président de l’Assemblée nationale, l’honorable Vital Kamerhe pense qu’il échoit à la justice de trancher sur cette affaire. A cet effet, une commission ad hoc a été mise sur pied pour auditionner les deux protagonistes.
D’après certaines sources, composée de 24 membres, cette structure spéciale devra incessamment rendre ses conclusions au bureau de l’Assemblée Nationale. Et si d’aventure, le jeune premier politique est dépouillé de ses immunités, cela équivaudrait, conformément à l’article 80 alinea 2 de la Constitution, à une démission automatique, affirment certains analystes. Nous espérons que ce jeune sosie du dynamique Kibassa Maliba, qui a osé s’en prendre publiquement aux ennemis de la RDC, n’en prendra pas plein la figure suite aux coups de bélier de ceux qui veulent faire de ce pays la cour du Roi Petaud. Sinon, comme Kimbangu, M’zee Kabila ou Lumumba, les patriotes qui cherchent à mettre les intérêts de la nation congolaise au-dessus de ceux individuels courent le risque d’être toujours la cible des fossoyeurs de la république.
Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de rédaction.