Le dernier mot de Constant Mutamba n’a pas eu le dernier mot lors du prononcé du verdict de la cour de cassation

Politique
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La plus haute instance judiciaire de la RDC a condamné, par la voie ou la voix du juge Jacques Kabasele, le mardi 2 décembre 2025 l’ancien ministre d’État chargé de justice et garde-sceau, Constant Mutamba Tungunga, à 3 ans de travaux forcés, à l’interdiction pour 5 ans après l’exécution de la peine de droit de vote et de celui d’éligibilité, à l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et para-étatiques, quel qu’en soit l’échelon, ainsi qu’à la privation du droit à la libération conditionnelle. La Cour de Cassation a également ordonné la main levée de la saisie, la restitution des 19 millions de dollars américains et le paiement de frais d’instance », avait indiqué le président de la composition.

Il faut rappeler ici que le jugement ainsi rendu est définitif, Constant Mutamba n’ayant pas la possibilité de faire appel après sa condamnation par la Cour de Cassation. Pour sa part, le ministère public avait requis une peine de dix ans de travaux forcés, ainsi que l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et para-étatiques, la privation du droit de vote et d’éligibilité pour une période à déterminer après l’exécution de la peine. Selon la Cour de cassation,  » l’incriminé avait abusivement manœuvré de manière à enrichir illégalement la société Zion Construction, en faisant preuve d’une intention délibérée de détourner les fonds destinés à l’érection d’une prison à Kisangani, dans la province de la tshopo, en recourant aux procédures non conformes ».

Quoique reconnu coupable de détournement de fonds, l’ancien ministre de la Justice et garde-sceau a nié tout au long de son procès les faits portés contre lui, au motif que sa hiérarchie n’avait émis aucune objection dans la passation du marché de gré à gré avec la société Zion Construction, qui avait abouti au virement du montant de 19 millions de dollars US qui lui sont aujourd’hui réclamés, alors qu’il n’avait touché aucun rond dudit montant.

D’après Me Paul Okito, un avocat conseil du prévenu, « Cinq ans d’inéligibilité pour un acteur politique qui incarne à 37 ans l’espoir d’une nation et d’un peuple libre, équivalent à le projeter vers ses 45 ans pour émerger de nouveau. Ces huit années de bannissement constituent, selon la défense du condamné, la peine la plus lourde infligée à cet animal politique.» Apparemment, le commun des congolais semble s’aligner derrière cette façon de voir les choses. Selon d’aucuns, la condamnation de ce jeune justicier populaire et populiste, qui était en pole position pour la présidentielle de 2028 en RDC, paraît comme une volonté manifeste de l’intimider, en vue de mettre un terme à ses ambitions politiques.

Cette conviction avait entre autres été alimentée par le concerné lui-même à l’audience du 13 septembre écoulé, lorsque dans « son dernier mot avant le prononcé de jugement », le nouvel incarcéré avait affirmé que le Dieu qu’il sert avec sincérité depuis son enfance, pour qui il avait refusé de se compromettre au ministère de la justice, en vue de servir les pauvres, les orphelins, les veuves, les justes, lui viendrait au secours. Pour le condamné, l’histoire le rétablira, coûte que coûte : Le malheur atteint souvent le juste, et Dieu l’en délivre toujours.

Ainsi, ce dernier avait affirmé avoir subi la même injustice que Patrice Emery Lumumba, dont il serait la réincarnation, parce qu’il avait voulu faire correctement son travail de redresseur des torts, pour le bien de tous, du pays, et des générations futures.
Il avait également affirmé être de la filiation idéologique de Fidel Castro, le lider maximo cubain qui, vers 1951, avait prononcé son discours titré : l’histoire m’acquittera ! Quelques années plus tard, ce dernier a pris le pouvoir au pays de José Marti, le héros national de Cuba. Continuant son lais, il avait attesté que son procès avait des accointances avec celui de Lula Da Silva, l’ancien président brésilien qui, jugé et condamné pour corruption en 2017, est redevenu président de Brésil au sortir de la prison.

Il avait aussi fait allusion aux persécutions d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, ainsi que de ses compagnons de lutte des années 80 par le régime Mobutu, parce qu’ils avaient fait le choix du changement. Mais aujourd’hui, disait-il, « le lider Maximo congolais reste une référence, un modèle et son fils (Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, NDLR) est le magistrat suprême de la République Démocratique du Congo ». Et de finir son discours pathétique par rappeler le sort de Nelson Mandela qui, en 1962, avait été injustement condamné, et après 27 ans de bagne, il était devenu le premier président noir de la nation arc-en-ciel.

Escorté à sa sortie de la salle l’audience par la Police nationale congolaise, Constant Mutamba avait quitté le lieu de sa sentence comme il était arrivé : le poing levé. Pour éviter certains débordements après l’annonce de ce verdict qui a mis tant de compatriotes de ce patriote congolais en émoi, le dispositif sécuritaire avait été renforcé dans plusieurs quartier de la capitale de la RDC, où l’activisme positif du ministre de la justice condamné avait suscité tant d’espoir pour l’avènement d’un état de droit. Alea jacta est, Me Constant Mutamba. Peut-être que l’histoire vous donnera raison !

Jean-Paul ILOPI Bokanga/Directeur de Rédaction.

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