Quid des accointances de L’ église Kimbanguiste avec les pouvoirs établis

Politique
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La délégation des notables Ne Kongo UDPS partie requérir l’avis favorable du chef spirituel de l’Eglise Kimbanguiste à N’kamba pour démarrer l’implantation du parti d’Étienne Tshisekedi au Kongo Central.

L’attitude non-conflictuelle de l’Eglise Kimbanguiste vis-à-vis de divers pouvoirs établis dans les pays où elle est opérationnelle soulève parfois certains questionnements. Ses accointances actuelles avec Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, après de grands mamours avec son prédécesseur, Joseph Kabila Kabange, suscite assurément certains points d’interrogation. Avant les deux précités, M’zee Laurent Désiré Kabila avait eu une posture admirative vis-à-vis de cette église dont le fondateur avait été, si pas le premier, parmi les tout premiers congolais à payer de leurs vies pour avoir fait l’apologie émancipatrice de l’homme noir.

En sus, il est de notoriété publique que les accointances entre les deux Joseph ( Mobutu et Dangienda) ont bien été bénéfiques à une éclosion sereine de cette Eglise aujourd’hui plus que centenaire, née dans la souffrance du prophète Simon Kimbangu, tout simplement parce que, comme Jésus Christ, le discours spirituel de celui-ci n’avait pas été agréé par l’establishment colonial.

Mr Guy Wissa Mukumaya, originaire du groupement de Zundu, dans lequel est incluse la Ville Sainte de N’kamba, président du Groupe International des Volontaires Africains (GIVAC), une ONG créée à Paris pour aider les populations africaines en détresse, avec l’espoir du renouveau démocratique et de l’état de droit, instigué par la RDC et tant de pays africains.

Il va sans dire que la popularité révolutionnaire grandissante de Joseph Kasa-vubu, le tout premier président de Congo-Kinshasa, avait été consécutive au soutien tous azimuts des Nghounza, ces adeptes de Papa Simon Kimbangu qui avaient fait leur cette étonnante prédiction du prophète de Nkamba qui a dit sans barguigner, en 1921 svp, au moment où l’exploitation coloniale belge battait son plein : Le jour viendra où l’homme noir deviendra l’homme blanc, et l’homme blanc deviendra l’homme noir.

Pour examiner cette problématique qui intrigue plus d’un, nous avons recouru à l’expertise de M. Guy Wissa Makumaya, fils du cofondateur de l’UDPS Robert Wissa , et de Mme Pauline Diakese, ancienne secrétaire nationale chargée des femmes au sein du parti cher au Dr Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire.
Toutefois, ce proche du « Président des Nekongo de l’UDPS», le Conseiller Principal du Chef l’Etat Congolais et Secrétaire Général adjoint de l’UDPS/Tshisekedi, M. Jean TEZO KIA-NSI, a intervenu ici sous sa casquette de « Cadre du Comité Interfédéral Léopoldville » du parti qui a donné à la RDC son 5ème Président de la République, son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, autrement dit Fatshi-Beton. Cependant, il sied de vite préciser que le commun des mortels identifie souvent notre intervenant comme « Le président de GIVAC ONGD », très opérationnel dans les environs de la Ville Sainte de N’kamba.

Rendez à ce César ce qui est à César….

Quoiqu’ayant intensément rejeté le pouvoir colonial d’oppression et d’occupation, le prophète Simon Kimbangu n’avait jamais récusé l’ordre temporel local. Ainsi avait-il sollicité l’aval de neuf chefs coutumiers du groupement de Nzundu, qui a en son sein la Ville Sainte de N’kamba, avant de commencer son ministère. Et dans sa devise, cette Eglise a mis en exergue trois agrégats spirituels essentiels : Bolingo (l’amour), Mibeko (Les lois), Misala (Le travail). Dans son essence donc, l’Eglise Kimbanguiste cherche à bien accompagner l’action de l’autorité publique, tant que celle-ci n’entrave pas la réalisation de sa mission christique, avait d’emblée affirmé le président Guy Wissa Makumaya.

Lors de la première mandature démocratique de la RDC, avec le président Kasavubu à sa tête, de surcroit un «Ne Kongo», l’Eglise Kimbaguiste, qui avait été reconnue par l’État belge le 24 décembre 1959, avait le droit d’espérer un traitement de faveur. En effet, dans sa lutte pour l’indépendance du Congo, « Kasav » avait largement bénéficié, à travers son parti politique Abako, d’un énorme appui des kimbanguistes. Mais hélas ! cette Eglise naissante à l’époque avait été plus d’une fois snobée par celui qu’elle avait soutenu avec acharnement. En effet, invité à participer à un culte Kimbanguiste dans la commune de Kimbanseke, à Kinshasa, la capitale de la RDC, le président Kasavubu, inhibé par ses convictions d’ancien postulant prêtre catholique, aurait poliment refusé d’y prendre part, au motif qu’en tant que chef de l’état, il ne pouvait pas aller prier dans une église érigée avec des rameaux.

Lorsqu’en 1961, il avait été convié de prendre part à la cérémonie de pose de la première pierre du temple de N’kamba, il avait préféré se faire représenter par M. Moanda Vital, le 1er gouverneur de la province du Kongo Central, alors qu’ayant bien assimilé la leçon de Kimbanseke, Son Eminence Joseph Diangenda Kuntima, le premier Représentant Légal et Chef Spirituel de l’Eglise Kimbanguiste, avait vite fait construire à N’kamba Nouvelle Jerusalema un édifice moderne, l’actuel « Salon VIP Monkoto », pour recevoir le chef de l’état congolais avec dignité et honneurs. Avait-il peur d’exhiber ses accointances avec ses alliés kimbanguistes, de peur d’ effaroucher ses mentors et partenaires catholiques, notamment le Roi Baudouin 1er de Belgique ? En tout cas, le flegmatique Joseph Kasavubu était parti avec son secret dans son mausolée, situé dans la province du Kongo Central, à 17 km de la cité de Tshela, précisément dans le village Lukamba Mbemba.

Et puis vint la «Deuxième République», avec le général Joseph Désiré Mobutu comme grand timonier. Ayant compris les avantages stratégiques qu’il pouvait tirer de ce mouvement religieux qui se voulait désormais apolitique, le tombeur de Joseph Kasavubu l’avait vraiment sorti de l’ornière. En effet, pendant les 32 ans du mobutisme, cette Eglise Indépendante avait pu imposer ses bases spirituelles et matérielles partout en RDC, voire hors des frontières de ce vaste pays, avec la bénédiction de l’état congolais. Et ayant compris qu’il fallait éviter de se heurter au régime qui a bouté hors du Mont Stanley l’ancien président de l’Abako, Son Eminence « Joseph » Diangenda Kuntima, le grand bâtisseur de l’Eglise de Jésus Christ sur Terre par son Envoyé Spécial le Prophète Papa Simon Kimbangu, avait vécu en bons termes avec son « homo Joseph » Désiré Mobutu.

Avec le surgissement de M’zee Laurent Désiré Kabila et son AFDL sur la scène politique congolaise, l’Eglise qui siège à N’kamba dans le Kongo Central avait également bénéficié du regard favorable de ce briscard nationaliste, qui considérait l’acte posé le 6 avril 1921 par Papa Simon Kimbangu à N’kamba comme le prélude de la lutte pour l’émancipation du peuple congolais. Entre donc l’Eglise Kimbanguiste et le successeur autoproclamé du Maréchal Mobutu, aucune friction majeure n’avait été perceptible.

Aussi, lorsque son fils Joseph Kabila Kabange avait pris les rênes du pouvoir en RDC en janvier 2001, il avait renforcé ses liens avec cette Eglise qui prônait la conciliation avec l’autorité établie. Comme le Lieutenant-Général Mobutu au début des années 70, le Général Major Joseph Kabila Kabange avait également foulé le sol de N’kamba Nouvelle Jérusalem. Était-ce une façon de faire de doux yeux à cette importante réserve électorale éparpillée à travers le pays, qui a certainement contribué à l’avènement we ses deux victoires consécutives à la magistrature suprême de la RDC ? En tout cas, ce genre d’alliance, même tacite, s’avérait toujours à la fin gagnante pour un homme politique, avait conclu notre intervenant.

Guy Wissa et le sphinx de Limete, et Maman Marthe Kassala au deuil de Papa Wissa.

Le Kimbanguisme et la vision de l’UDPS

Au départ, il n’y avait aucun Ne Kongo parmi les 13 parlementaires ayant été à la base de la création de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social en 1982, les dignitaires mobutistes Ne Kongo ayant été rétifs à l’appel des frondeurs. Mais lorsque les ressortissants de la province du Kongo Central avaient noté que l’orientation politique de ce parti d’opposition était ancrée, comme « l’Alliance des Bakongo », leur ancien parti politique, dans les valeurs traditionnelles qu’affectent les Ne kongo, telles que la démocratie, le fédéralisme, l’état de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre les « antivaleurs », ou la non-personnification du pouvoir, à la suite des cofondateurs Bernard Nkwedi et Zephyrin Diayikua, ces derniers s’y étaient alors fortement investis, au point de devenir la deuxième force politique de l’UDPS, après les kasaïens. De ce fait, Dr Etienne Tshisekedi d’heureuse mémoire avait eu à nommer plusieurs secrétaires généraux originaires du Kongo Central, dont Adrien Mpongo et l’honorable Rémy Massamba, dans le parcours tumultueux de son parti. Mais beaucoup de gens ne savent pas, avant l’implantation de l’UDPS dans le Kongo Central, une délégation des notables Ne Kongo était partie quérir l’avis favorable de N’kamba.

Lorsque que son fils Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait été élu Président de la République, étant le premier natif de Kinshasa à occuper la magistrature suprême en RDC, ayant également étudié à Tumba dans le Kongo Central, il savait bien que la plupart des « Ne Kongo », même s’ils appartenaient à d’autres confessions religieuses, avaient un peu en eux l’âme de « Simon Kimbangu». Déjà, avec sa culture métropolitaine, Fatshi a autour de lui beaucoup d’amis et collaborateurs originaires du Kongo Central dans son cabinet, comme dans son gouvernement, notamment son actuelle cheffe du gouvernement. Conscient que l’adhésion des kimbanguistes dans son programme d’action allait ipso facto booster la sympathie des « Ne kongo » à son endroit, Fatshi-Beton avait fait à deux reprises, la route de N’kamba, avec comme cerise sur le gâteau, sa remarquable présence le O6 avril 2021 aux festivités du Centenaire Kimbanguiste.

A-t-il réussi à faire un clin d’œil à l’électorat de cette puissante Eglise Indépendante ? En tout cas, l’actuel chef de l’état RD congolais a été élu en 2023 avec à la tête de la CENI M. Denis Kadima, le candidat de l’Eglise Kimbanguiste pour la gestion de cette institution citoyenne. En acceptant de prendre le «Centenaire de l’Eglise Kimbanguiste» sous son haut patronage, d’aller lui-même inaugurer le superbe «Musée Papa Simon Kimbangu», et surtout, en réalisant sa promesse de rendre la date du 06 avril fériée sur toute l’étendue de la RDC, après avoir proclamé Héros National le tout premier Président de la RDC, Son Excellence Joseph Kasavubu, ce digne fils Ne Kongo renversé le 24 novembre 1965 par « l’homo » de Joseph Diangenda, « Fatshi-Béton a certainement su bétonner l’estime des « Ne kongo » en général, et celle des affidés kimbanguistes en particulier, à son égard, avait affirmé l’oncle paternel du footballeur international congolais Yoane Wissa.
Et notre interlocuteur de renchérir aussitôt : Dans son mot de circonstance lors de la fête du Centenaire Kimbanguiste, «Sa Divinité Simon Kimbangu Kiangani» avait su renvoyer l’ascenseur à son hôte de marque, en rappelant sans détour à ses fidèles le respect du pouvoir établi, toute autorité venant de Dieu. Pour les Kimbanguistes donc, toutes tendances confondues, la RDC n’a qu’un seul Président de la République : Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Qui mieux ?

Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/Directeur de Rédaction.

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